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Au début de l’automne 2002, une petite équipe de passionnés de musiques, venus de tous les horizons de la scène électronique, se réunit et commence à travailler à l’invention d’un nouveau festival. La deuxième ville de France n’avait pas de grand événement dans le champ des musiques électroniques, des cultures innovantes, indépendantes. Et pourtant, il existait à Lyon un formidable terreau de musiciens, de labels, d’acteurs… Et surtout une histoire qui, du rock alternatif à la techno, avait déjà donné à la métropole lyonnaise une place singulière sur la carte des scènes françaises.

En quelques mois de travail, jusqu’à décembre 2002, Nuits sonores se dessine peu à peu, sur un coin de table des pentes de la Croix-Rousse. La mobilité, l’urbanité, l’effervescence… Dès les premières esquisses du projet, tout est là en germes. Les programmes apparaissent sur le papier, le Circuit électronique, les grandes Nuits, les Apéros sonores, la Carte blanche… Des images mentales nous trottent dans la tête. On s’imagine une autre vision de la ville, investir des lieux du patrimoine, révélés ou non, les détourner de leur usage… On pense d’emblée à la Piscine du Rhône, puis à la Sucrière…

Au printemps 2003, du 28 mai au 1er juin, toutes ces images, tout cet imaginaire vont s’ancrer pour la première fois dans la réalité de la ville. 16 000 spectateurs nous font l’honneur de leur présence et partagent avec nous une édition marquée entre autres par la première venue à Lyon d’Ellen Allien, les performances d’Alec Empire, Jimi Tenor ou Pan Sonic, les sets de Dave Clarke, Felix da Housecat, Green Velvet ou Roni Size… En neuf éditions, le festival a grandi, beaucoup. Il a investi plus de 300 lieux différents, réinventé et bousculé la ville avec l’aide et la complicité de dizaines de structures, d’équipes, d’associations ou de créateurs…

En 10 ans Nuits sonores n’a jamais cédé un centimètre sur l’essentiel : sa vocation urbaine et l’intransigeance de sa programmation, un événement collaboratif et ouvert d’esprit, une place importante pour le gratuit… De nouveaux programmes sont nés (Images sonores, All day long, puis Extra!, Mini sonore, le Labo des festivals, NS Days…), la fréquentation a explosé (pour atteindre 80 000 spectateurs), le public est venu de plus en plus loin pour nous rendre visite. Parmi les quelques 2000 artistes que nous avons invités, on ne compte plus ceux qui ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du festival : Laurent Garnier, Gonzales, Einstürzende Neubauten, Justice, Agoria, Pedro Winter, Wire, The Fall, ESG, Ricardo Villalobos, The Residents, Gilles Peterson, Dj Shadow, Jamie Lidell, 2ManyDjs, Paul Kalkbrenner, Caribou, Hot Chip, Trentemøller, Underworld…

Pour les 10 ans de Nuits sonores, on a bien sûr envie de jeter un œil en arrière, de se souvenir de tous ces grands moments, comme des galères et des obstacles surmontés… Mais on a surtout envie de penser à cette belle édition qui s’annonce et d’inventer la suite avec tous ceux, artistes, bénévoles, amis, public, qui ont fait de Nuits sonores ce qu’il est aujourd’hui !