Sonores
2023
Le mercredi 28 mai 2003, la première Nuit de notre histoire ouvrait ses portes au Transbordeur de Lyon.
Sur ce week-end de l’Ascension qui deviendra l’un des marqueurs importants du festival, Nuits sonores allait poser les jalons de son identité en devenir : l’espace public, l’architecture et la scénographie, l’investissement passionné des lieux du patrimoine et des sites industriels, l’effervescence urbaine, une forte dimension participative, l’équilibre entre les esthétiques multiples de la scène électronique et d’au-delà — entre émergence et références, entre scène locale et artistes du monde entier, entre sens de la fête et gravité consciente. Avec l’envie inaltérable de construire en cinq jours et cinq nuits une multitude de parcours dans la ville. Organisateur·rices, artistes et publics partageant le même mot d’ordre : « La ville est à nous, rejoignez-nous ! ».
« 20 ans sans dormir »* plus tard, vécus au rythme des découvertes magiques, des instants volés au réel et des minutes en apesanteur partagées avec le public, le festival a renforcé ses fondamentaux.
Le désir de faire de la ville un espace collectif de partage et de découvertes. De rassembler autour d’un dancefloor aussi réel que symbolique, les ingrédients de ce « ring politique » qu’Arty Farty revendique comme un espace de rencontres et de débats, de décloisonnement, de dépolarisation et d’inclusion.
Sur le plan artistique, l’objectif de réinventer des parcours de scènes aux identités marquées, tant esthétiques que politiques ou territoriales. Assumer une mise en avant plus importante des scènes internationales sous-représentées — d’Asie, d’Afrique, d’Amérique du Sud mais aussi d’Europe de l’Est et plus particulièrement d’Ukraine. Allier fête, contemplation et réflexion, avec une scène autour de l’ambient, de la musique organique, du field recording et du vivant. Mettre en avant les scènes locales et réunir les familles artistiques qui ont contribué à fabriquer ces 20 éditions avec nous. Mais aussi requestionner la place du live sur nos Days, celle du hip-hop comme musique électronique prédominante dans le paysage actuel, ou celle du DIY comme modèle d’indépendance artistique.
Si cette édition sera résolument prospective, l’envie de raconter l’histoire sera par ailleurs joyeusement assumée. Elle fera l’objet de deux projets connexes : d’une part une exposition urbaine des 20 clichés les plus cultes de l’histoire du festival, installés dans l’espace public à l’endroit où ils ont été photographiés ; d’autre part, une série de podcasts racontant l’épopée du festival de façon chorale, avec les personnes qui ont fait vivre Nuits sonores de l’intérieur, mais aussi en tant qu’artistes, bénévoles et festivalièr·es.
C’est avec vous toutes et tous que nous voulons fêter ce bel anniversaire : celui d’un festival qui nous a tellement donné que nous lui devons notre attachement sans faille et notre engagement collectif pour le futur, avec douceur et sans nostalgie.
- Une référence au livre Nuits sonores, dix ans sans dormir, publié en 2013 à l’occasion des 10 ans du festival, et dont le titre était inspiré du beau livre de Paquita Paquin sur les années Palace.